Invention de la photographie en couleurs : la trichromie

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La couleur en photographie


PHOTOGRAPHIE EN COULEURS ET IMPRESSION TRICHROME


    « Tout devient noir en ce siècle, et la photographie, n'est-ce pas l'habit noir des choses ? » écrivaient avec amertume les Goncourt en 1857. Des expériences fameuses, celles de Becquerel (1848) et bien d'autres, pour reconstituer la couleur, demeurèrent des expériences de laboratoire, jusqu'en 1868 où Gros et Ducos du Hauron trouvèrent les méthodes additive et soustractive. Vogel découvrit les sensibilisateurs optiques qui rendaient les sels d'argent sensibles à d'autres couleurs qu'au bleu. De nouvelles recherches aboutirent à la plaque autochrome Lumière (1907) et aux procédés les plus modernes, basés sur la découverte par Rudolf Fischer du développement chromogène (1909).


Roue de la trichromie


    LA COULEUR :
PROPRIÉTÉS ET PRINCIPES DE RECONSTITUTION


    1° Les propriétés des radiations colorées d'une part, des couleurs matérielles de l'autre. Les radiations colorées du spectre de la lumière blanche peuvent se répartir en trois groupes principaux suivant leur longueur d'onde :


    - le bleu-violet (de 0,4 µ à 0,5 µ env.), comprenant les violettes et les bleues (Un µ se dit mu ou micron, il vaut 1/1.000 de millimètre.)
    - le vert (de 0,5 µ à 0,6 µ env.) comprenant les vertes et les jaunes
    - le rouge (de 0,6 µ à 0,7 µ env.) comprenant les orangées et les rouges.
 


Trichromie additive

   Dans la nature, quand les radiations ne sont pas toutes présentes, l'oeil perçoit des sensations variées de couleurs un mélange sur la rétine de vert, jaune, orange et rouge donne la sensation du jaune d'or. Les diverses matières et les colorants matériels paraissent colorés parce qu'ils renvoient ou laissent passer certaines radiations seulement de la lumière éclairante, mais absorbent les autres. Quand un objet les transmet toutes, si la lumière est blanche, on voit du blanc. Quand il les absorbe toutes, on voit du noir.

    2° Principe des synthèses additive et soustractive. 


    a)  Dans la synthèse additive, pour reconstituer toutes les couleurs on additionne certaines radiations colorées, en les superposant par la projection simultanée sur un écran.


Synthèse additive

    Avec trois couleurs pures, les radiations primaires, prises deux à deux en proportions variées, un bleu-violet, plus commodément appelé bleu, un vert et un rouge, on peut reconstituer toutes les teintes du spectre et même davantage :


    bleu + vert = bleu-vert  (en anglais cyan, d'où l'initiale c)
    vert + rouge = jaune
    rouge + bleu = magenta (ou pourpre)
    bleu + vert + rouge = blanc
    absence de faisceau quel qu'il soit = noir.


    Le magenta, mélange des deux couleurs de longueurs d'ondes les plus différentes, n'existe pas dans le spectre.


    b) Dans la synthèse soustractive, pour reconstituer toutes les couleurs, on soustrait à la lumière blanche éclairante certaines radiations colorées, par des filtres ou des couches de colorants qui absorbent ces radiations.Synthèse soustractive


    Un filtre ou une encre jaune agissent de même façon : ils sont jaunes parce qu'ils absorbent (soustraient) le bleu de la lumière reçue ; ils ne laissent passer ou ne réfléchissent que le jaune (vert + rouge). On a par soustraction :


    blanc - bleu = jaune (vert + rouge)
    blanc - vert = magenta (bleu + rouge)
    blanc - rouge = bleu-vert (bleu + vert)
    blanc - bleu - vert - rouge = noir.


    Si donc on soustrait à la lumière blanche une couleur simple (le bleu par exemple) le résultat est une couleur composée (le jaune). Inversement si l'on soustrait une couleur composée (le jaune) il reste une couleur simple (le bleu). On dit que le bleu et le jaune sont complémentaires, et de même le vert et le magenta (bleu + rouge) d'une part, le rouge et le bleu-vert (bleu + vert) d'autre part. Superposées en faisceaux, deux complémentaires (bleu et jaune par exemple) donneraient évidemment du blanc, par la reconstitution des trois radiations primaires ; mais superposées en colorants matériels (encres ou filtres) elles donnent du noir, car elles soustraient successivement à la lumière éclairante toutes ses radiations. La couleur d'un filtre ou d'un colorant est complémentaire de la couleur qu'il absorbe : un filtre bleu absorbe le jaune, un filtre jaune absorbe le bleu.


    Pour reconstituer toutes les teintes, on ne peut donc superposer des colorants matériels de couleurs simples, bleu, vert, rouge : chacun absorberait deux sur trois faisceaux principaux éclairants et la résultante serait proche du noir. On superpose deux par deux en proportions variées trois couleurs matérielles primaires, chacune d'elles transmettant deux faisceaux de radiations et n'en absorbant (ne soustrayant) qu'un seul :

    le jaune (vert + rouge) qui soustrait le bleu
    le magenta (bleu + rouge) qui soustrait le vert
    le bleu-vert
(bleu + vert) qui soustrait le rouge

  Avec un éclairage en lumière blanche on a, par transparence (filtre) ou réflexion (encre) :

    magenta + bleu-vert = blanc - vert - rouge = bleu
    bleu-vert + jaune = blanc - rouge - bleu = vert
    jaune + magenta = blanc - bleu - vert = rouge
    jaune + magenta + bleu-vert = blanc - bleu – vert – rouge = noir

    Lumière blanche sans colorants interposés = blanc.

    REPRODUCTION DE LA COULEUR


    Sélection trichrome

    Un filtre arrache sa couleur complémentaire (ou les composantes de celle-ci) aux combinaisons colorées les plus intimes. S'il est assez dense, il l'absorbe totalement, il la sélectionne, car elle laisse l'émulsion vierge et apparaît en noir sur le positif. Le bleu sélectionne le jaune, le vert sélectionne le magenta, le rouge sélectionne le bleu-vert.