Exposer un film négatif en photographie noir et blanc

L'exposition d'un cliché photo


      Exposer correctement un film ou un cliché numérique


 


 Le film basse sensibilité
 (25-64 ASA) - c'est le film qui possède la granulation la plus fine et, par conséquent, il enregistre le meilleur piqué. On le destine généralement à des images dépassant un agrandissement de 10 fois linéaire (à partir de 30 x 40 pour le 24 x 36). Il aura tendance à être de haut contraste, c'est la raison pour laquelle son temps de développement est assez court. 
 Avantages : netteté exceptionnelle, granulation extrêmement fine, possibilité d'agrandissement géant.
 Inconvénients : contraint rapidement à l'utilisation d'un pied lorsque les conditions lumineuses ne sont pas idéales.

 Le film de sensibilité moyenne
(80-160 ASA) - c'est le type même du film standard. Il offre une rapidité convenable (portrait, paysage), même par ensoleillement moyen (un 125 ASA se pose au 1/60 à f/8, par temps couvert). Il reste dans des limites de grain et de piqué fort honorables jusqu'à un rapport d'environ 10 fois linéaire (30 x 40 et moins) dans la mesure où il est développé dans un révélateur convenable avec minimum de soin (respect des températures, agitation normale sans excès).
 Avantage : le meilleur compromis entre la netteté de l'image, la granulation et les possibilités d'agrandissement.
 Inconvénient : limité dans son utilisation, en raison de sa sensibilité (scènes d'intérieurs en ambiance sans flash).

  Le film haute sensibilité
 (200 à 400 ASA) - ce film est utilisé par la plupart des professionnels du reportage, quand la vitesse maximum est exigée (photos sportives, scènes de rue, reportage de guerre) ou, également, lorsque les conditions de lumières sont particulièrement mauvaises (théâtre, spectacle, intérieur). Ils ont une très bonne souplesse d'utilisation, grâce à leur grande latitude de pose. Lorsque l'on prévoit un traitement adapté, on peut également les utiliser à une sensibilité supérieure (1 600 ASA pour 400 ASA nominale). Bien entendu, le contraste et la granulation augmentent en fonction de la sensibilité d'utilisation, restant toutefois acceptables lorsque le développement est effectué avec soin. Comparativement à un film 125 ASA, le film 400 ASA demande un temps de traitement plus long.
 Avantage : grande latitude de pose, peut être « poussé » au développement.
 Inconvénient : granulation plus importante.

 Ces quelques considérations données, seul le sujet choisi vous guidera dans le type de film à employer.

Bonne mesure de l'exposition
Chaque chiffre correspond à une tonalité différente. Ceci illustre à quel point la mesure de la lumière doit être faite avec attention pour les sujets à grands écarts de brillance (n°1 = hautes lumières et n°6 = basses lumières)


 L'exposition
 Votre film choisi, il importe maintenant de régler son exposition le plus exactement possible. Ce réglage se fera en fonction de 2 paramètres : la sensibilité du film, liée à la luminosité du sujet et l'intervalle de brillance, ou contraste du sujet. Seule, la prise en compte de ces deux facteurs permet à la résultante (l'image développée) d'obtenir un négatif parfait, méritant un agrandissement soigné. Ainsi, un négatif surexposé fournit, lors du développement, un grain moins fin qu'un négatif correctement posé, alors qu'une image sous exposée manque de détails dans les ombres jusqu'à devenir inutilisable. A cet égard, sachez qu'un film noir et blanc utilisé à sa sensibilité nominale peut encore enregistrer des détails 1,5 diaphragme en-dessous de la pose moyenne et 2 diaphragmes au-dessus de celle-ci. Il n'en demeure pas moins qu'une exposition parfaite reste la meilleure garantie de succès.

 La sensibilité :
plus le film est rapide, plus le grain sera grossier. En conséquence, il importe de choisir le film le plus lent possible en fonction de la luminosité du sujet et du confort d'utilisation.

 Le contraste :
les différents degrés de contraste peuvent être divisés en 3 grandes catégories : éclairage faiblement contrasté,  intervalle de brillance à la prise de vue 1:10 jusqu'à 1 : 30  (paysages dans le brouillard, portraits en lumière douce, etc.) dans ce cas, pas de problème  d'exposition, avec votre reflex à cellule incorporée, vous visez, vous réglez selon l'indication de la cellule  et vous déclenchez (voir paragraphe « zone System »).

 Eclairage normalement contrasté,1 : 30 jusqu'à 1 : 60 (paysage ensoleillé, personnages au soleil) là non plus, aucune modification par rapport à la valeur indiquée par la cellule de l'appareil. Eclairage à grand contraste, 1 : 60 jusqu'à 1 : 250 (sous-bois avec taches de soleil au sol, rues étroites ensoleillées, scènes nocturnes, tous sujets éclairés à contre-jour) c'est ici que tout se complique, car l'écart entre les hautes et les basses lumières devient si important que, de toute façon, l'une ou l'autre sera incorrectement exposée. D'autre part, l'indication de votre cellule est parfaitement fausse, car influencée par les hautes lumières. Il faut, dans ce cas, ouvrir son diaphragme de une à deux valeurs, selon l'importance de l'écart de brillance, et au développement, réduire quelque peu le temps du révélateur. En suivant simplement les conseils d'utilisation du fabricant de film ou de flash, les résultats sont le plus souvent satisfaisants. Cependant, lorsque l'on veut dépasser ce stade « primaire », la cellule à main ou incorporée à l'appareil devient indispensable.

 Il existe deux manières de mesurer la lumière à l'aide d'une cellule. Dans le premier cas, on mesure l'intensité de la source : mesure incidente. Dans le second cas, on évalue la lumière renvoyée par le sujet : mesure réfléchie. Les « sujets normaux » réfléchissent le plus souvent une quantité bien déterminée de la lumière incidente. Cette réflexion « moyenne » a été déterminée et fixée statistiquement : sa valeur est admise internationalement. Elle correspond à un gris moyen, dont le pouvoir réfléchissant est égal à 18 %. Tous les posemètres permettant la mesure en lumière réfléchie (tous les reflex) sont étalonnés sur ce gris moyen et son pouvoir réfléchissant. La plus performante des cellules incorporées ou à main ne possédant pas l'intelligence, à chaque mesure, il faut décider si le sujet correspond ou non à la norme des 18 % et, par là même, si l'on peut faire confiance à sa cellule ou effectuer une correction. Ceci est valable pour tous les sujets à très fort contraste dont nous parlions plus haut. Pour répondre à ces problèmes, les fabricants d'appareils photo ont créé, toujours sur des bases statistiques, différents principes de cellule incorporée. On en dénombre deux :

• la mesure intégrale qui calcule l'exposition du film sur l'ensemble du viseur. Celle-ci a, depuis quelques  années, évolué vers  une mesure dite « pondérée ». C'est le cas de la plupart des boîtiers reflex actuels.  Chaque marque "affiche" une répartition différente, mais, dans l'ensemble, les caractéristiques sont celles énoncées plus haut.

• la mesure sélective, appelée aussi mesure spot. Ici, nous sommes en présence  d'une  mesure  effectuée uniquement sur le centre de l'image à 100 %. Il s'agit du système le plus fiable, car il permet de diriger la mesure sur une partie limitée, représentative de l'ensemble du sujet. Pour que l'efficacité soit entière, dans le cas des appareils automatiques, ce système doit être combiné avec une mémorisation.
La mesure sélective peut également être utilisée pour sélectionner l'endroit précis que l'on veut voir parfaitement exposé, même si celui-ci n'est pas représentatif de la réflexion moyenne du sujet.

 Bien que boudée par un grand nombre d'amateurs, la mesure de la lumière incidente comporte un certain nombre d'avantages :

• elle est idéale pour la mesure des sujets à fort contraste, puisque l'on ne dépend que de la lumière qui baigne la scène et non de la réflexion des différentes parties du sujet. A charge, par le photographe, d'interpréter ou de choisir le coefficient de réflexion qui lui convient le mieux (sur ou sous-exposition volontaire) ;

• elle est également indispensable dans tous les cas où l'on ne peut, pour une raison ou pour une autre, s'approcher du  sujet (monument inaccessible) ;

• elle permet un préréglage de l'appareil en l'absence du sujet (tournage d'une scène de film, portrait en lumière artificielle) ; elle est indépendante de l'angle de visée de la cellule, dont est toujours tributaire la mesure en lumière réfléchie. En dehors des avantages énoncés pour la mesure en lumière incidente, la cellule à main bénéficie d'un autre atout qui lui est propre : ses limites de couplage. L'étendue des mesures possible avec ce type de cellule est beaucoup plus grand ; à titre d'exemple, la Lunasix 3 de Gossen, l'une des plus célèbres, permet des temps d'exposition allant de 1/4 000 s à 8 heures, ainsi que des diaphragmes de f/1 à f/90 !

Dans la gamme des cellules à main, il existe également un autre type d'appareil : la cellule spot. Celle-ci est constituée d'un viseur optique qui permet de viser le sujet avec un angle d'environ 1°. Elles ne permettent donc que la mesure en lumière réfléchie, mais ceci avec une grande précision. Leur usage est cependant peu répandu, en raison de leur prix souvent élevé et également de leur emploi très spécifique.

Incidence des filtres sur les photos noir et blanc
La photo de droite est faite avec un filtre jaune, celle de gauche avec un filtre rouge. On observera aisément la différence entre les deux images : augmentation du contraste et assombrissement du ciel.

 Les filtres
 Chaque couleur va être traduite, sur un film noir et blanc, par un gris. Mais, au tirage, ce gris ne va pas toujours correspondre à l'impression subjective que donnait la couleur à la prise de vue. Par exemple, frappé par l'effet que donne une maison blanche se détachant sur un beau ciel bleu, nous faisons le cliché... Après développement et tirage, nous aurons une photo qui représentera bien le sujet, mais dans une gamme de gris légers où la maison blanche se détachera à peine sur un ciel gris clair... déception !

 Que s'est-il passé ? Le bleu, auquel le film est particulièrement sensible, va fortement impressionner le négatif et être traduit par un gris clair au tirage, alors que notre œil, dans la réalité, l'assimile plutôt à une couleur sombre (gris moyen, gris foncé).  Il va donc falloir empêcher les rayons bleus, et uniquement ceux-ci, d'atteindre le négatif. Les filtres vont nous servir à cet usage.

 Le filtre va laisser passer sa couleur, ainsi que les teintes qui s'en rapprochent, mais absorber les autres couleurs : "il éclaircit sa couleur et assombrit sa complémentaire". Dans les tons bleus, bleu-vert cyan, les complémentaires sont respectivement le jaune et le rouge. Si nous faisons le cliché avec un filtre jaune, nous aurons un ciel qui deviendra gris moyen  au tirage ; avec un filtre rouge, il sera gris foncé presque noir. Quand  nous  disposons  un  filtre devant l'objectif, la cellule de notre appareil analyse une seule couleur et indique un temps de pose erroné (sous-exposition de 1/2 valeur pour jaune léger, 1 valeur 1/2 pour rouge). Il faut alors mesurer l'exposition sans filtre et corriger selon le tableau ci-dessous. Les filtres sont cités selon les normes Kodak, sur lesquelles s'alignent les autres fabricants (Nikon, Hoya, Cokin etc.) (Voir tableau ci-dessus). La correction de l'exposition se fera selon l'exemple qui suit : paysage composé de vues avec ciel ; temps de pose 1/250 s à f/11.
 Utilisation d'un filtre jaune léger
• 1/125 s à f/11
• 1/250 s à f/8
 Utilisation d'un filtre jaune
• 1/125 s à f/8
• 1/250 s à f/5,6
 Utilisation d'un filtre rouge
• 1/30 s à f/11
• 1/60 s à f/8
• 1/125 s à f/5,6
• 1/250 s à f/4

 Certains filtres (dégradé, polarisant) vont agir selon un principe différent de celui expliqué plus haut.
 Par l'emploi d'un filtre polarisant, nous pouvons assombrir la lumière du ciel bleu sans toucher aux autres éléments qui composent le paysage ou encore supprimer tous les reflets sur les matières non métalliques (verre, eau, surfaces vernies etc.). Nous nous plaçons dans un angle d'environ 30 à 40° par rapport au plan de la surface photographiée et nous faisons tourner le filtre sur lui-même. Il y a une position permettant de supprimer tous les reflets (utile pour vitrines, aquariums etc.).

Le filtre dégradé, dans une position que nous appellerons ici, par commodité, haut-bas, laisse passer toute la lumière du sol et absorbe une partie de la lumière du ciel. Dans la position bas-haut, il absorbera la lumière du sol, laissera passer celle du ciel.