Cours photo argentique | Sensibilité du film noir et blanc

Sensibilité poussée


           Augmenter la sensibilité de son film
 


 Tout photographe s'est trouvé un jour ou l'autre confronté à des conditions difficiles de prise de vue (mouvement rapide du sujet, photos de nuit, spectacles, intérieurs, etc.. Dans ce cas, une seule solution s'offre à lui : augmenter la sensibilité du film pour gagner en profondeur de champ (diaphragme) ou en temps de pose (vitesse). Cette opération consiste à sous-exposer le film pour ensuite le sur-développer afin de donner aux hautes et moyennes lumières la densité nécessaire au tirage.

Ayant à notre disposition, dans le commerce, toutes sortes de films, dont la sensibilité va de 25 à 400 ASA, nous ne parlerons ici que du cas où l'indice nominal de 400 ASA s'avère encore insuffisant. L'appareil étant donc chargé avec un film de 400 ASA, affichons une sensibilité de 800 ou 1 600 ASA en respectant les indications de la cellule.
 Que se passe-t-il ?
 Le film ainsi exposé n'aura pas reçu la quantité de lumière nécessaire à l'exposition correcte d'une image.
Négatif noir et blanc surexposé 

II faudra donc faire appel au facteur chimique (le développeur) pour nous apporter la densité requise par le tirage. En prolongeant le temps de développement, la taille des grains d'argent augmente et on obtient la densité voulue. Ce gain de sensibilité diminue les détails dans les ombres et augmente le grain proportionnellement au temps de développement. Ces considérations font comprendre la raison pour laquelle nous ne pouvons pas utiliser le film au-delà d'un certain indice sans altérer profondément la qualité de l'image. Un 400 ASA garde un rendu très acceptable jusqu'à 1 600 ASA (gain de 2 diaph. ou 2 vitesses). Au-delà (3 200, 6 400 ASA) il n'enregistrera plus que les hautes lumières et nous traduira le sujet avec un grain et un contraste accusé. Il va sans dire que ce principe n'est utilisable que dans les limites acceptables : au-delà, seules les hautes lumières sont enregistrées. Ci-dessous un tableau avec les sensibilités recommandées selon les films, les révélateurs, et leur temps de développement.

 Réduire le contraste et obtenir une faible granulation

 Choix du révélateur
: révélateur compensateur. Nous avons vu que la finesse du grain et le contraste dépendaient en partie du choix de la pellicule. Le développement du film et le choix d'un révélateur sont des facteurs tout aussi importants.

 Les révélateurs compensateurs
 Ces révélateurs vont favoriser l'apparition des zones peu exposées (ombres) et ralentir la montée des hautes lumières (contrejour, reflets de soleil, etc.). Cette rétention des valeurs extrêmes était impossible avec les révélateurs universels. Un solvant des sels d'argent dans leur composition chimique permet l'obtention du grain le plus fin possible sans diminution de la sensibilité initiale du film. Les révélateurs de ce type (D 76 Kodak, mis au point en 1927, Réfinal Agfa, Ilfosol, Acuspécial Paterson, N 2K Photo Chimie, Métaténal Téténal) répondent parfaitement aux conditions courantes de prise de vue et peuvent être utilisés comme révélateurs standard.

 Action sur la pose et le développement
 Quand nous avons des conditions d'éclairage particulièrement délicates (contre] our avec 3 ou 4 diaphragmes d'écart entre les ombres et les lumières), s'il nous est impossible d'éclairer les ombres avec un panneau réflecteur, un coup de flash ou un spot, il nous reste la possibilité de modifier la pose du film (surexposition) et son traitement (sous-développement, ce qui entraînera par ailleurs un grain plus fin).
 Le temps de développement du film est de 8 minutes à dilution 1 + 1 (D 76 pour 125 ASA). Arrêtant le développement à 5 minutes, nous avons la surprise de constater que les détails dans les parties sombres sont enregistrés et que les densités des hautes lumières sont cependant convenables pour le tirage. Un développement de 8 minutes nous aurait obligé à l'emploi d'un papier de grade doux entraînant une perte de vigueur dans les ombres. Que s'est-il passé ? La pose du négatif assure l'enregistrement de tous les détails pendant la première partie du développement, toute l'image apparaît ; pendant la deuxième moitié, les hautes lumières vont croître proportionnellement beaucoup plus vite que les ombres, d'où augmentation du contraste. La méthode exposée ci-dessus permet donc une image complète (pose pour les ombres) sans contraste excessif (sous-développement sans atteindre la montée des hautes lumières à la fin de l'opération).

 Changement de la formule de révélateur
 Les révélateurs ultra compensateurs vont fournir le grain le plus fin qu'on puisse obtenir par la méthode de développement chimique. Utilisés uniquement pour leur aptitude à diminuer la granulation, ils demanderont une surexposition de l'ordre du double (64 ASA pour 125, 25 pour 50, 16 pour 32). Etant donné leur action lente (faible efficacité du développateur utilisé), ils auront un temps de développement assez long (10 minutes et plus). Nous aurons recours à ce type de révélateur pour des sujets excessivement contrastés (différence de 6 à 10 diaph. entre les ombres et les lumières, telles les scènes d'intérieur avec paysage ensoleillé. Leur composition chimique — combinée avec une pose appropriée — permettra la "compression" de tels écarts.
 Confrontés à de telles prises de vues, seuls les essais systématiques nous permettront de nous rendre compte du dosage pose/développement pour un rendu optimum. Ci-dessous, un exemple posé et développé dans les conditions décrites.
Photo noir et blanc surexposée
Ces deux images posées pour les ombres montrent l'amélioration que l'on peut obtenir par un développement du film dans la pyrocatéchine (photo de droite) par rapport à un développement standard du film avec du Kodak D 76 (photo de gauche).

 Rappelons que les procédés chimiques ne sont qu'un recours lorsque nous ne pouvons pas ajouter de lumière dans les ombres, solution idéale puisque nous agirions alors sur la cause.

 
révélateur : Pyrocatéchine
    solution A :
  eau distillée ou Volvic : 100cc
  sulfite de soude anhydre : 1,25 g
  Pyrocatéchine : 8 g
    solution B :
  eau (Volvic ou distillée) : 100cc
  soude caustique : 1 g
  20   parties   A + 50   parties
  B + 500 parties eau, utiliser une fois puis jeter.