Les musées, afin d'être connus du grand public, ont besoin de catalogues. C'est à cet effet que des photographes professionnels parcourent les musées afin d'y répertorier les oeuvres d'art.
Les belles épreuves anciennes font aujourd'hui les délices de bien des amateurs qui les recherchent avec passion dans les ventes publiques ou au marché aux puces, chez les libraires ou les marchands d'antiquités. Des collections se forment peu à peu, qui racontent déjà l'histoire de la photographie et qui fournissent en même temps aux spécialistes une documentation très précieuse sur tous les aspects de la vie publique ou privée depuis cent ans.
Mais pour une collection orientée vers le passé, on compterait cent collections modernes composées de documents récents. Les photothèques prennent chaue année une place plus importante dans l'activité es grands organismes contemporains ; sociétés industrielles, S. N. C. F., agences de tourisme et de publicité, ministères, police, journaux, maisons d'édition, centres d'études et laboratoires... recherchent et rassemblent les documents photographiques de leur spécialité.
Dès 1851, des photographies sur papier (aujourd'hui encore parfaitement conservées) ont été remises à la Bibliothèque nationale, au titre du Dépôt légal, comme l'étaient les livres, les journaux, les gravures, les lithographies, les images de toute sorte.
Qu'il s'agisse d'expositions, d'études techniques, de vulgarisation, ou de « musées imaginaires », mille occasions nous sont données de constater à quel point la photographie a pénétré toutes les activités humaines. Elle nous a appris à déchiffrer, morceau par morceau, tout ce qui nous entoure, au point d'éduquer notre œil et de perfectionner notre vision : « On n'en finirait pas, disait naguère L. Hourticq, si on voulait montrer combien de choses nous voyons maintenant dans la réalité, que nous avons d'abord découvertes en analysant des photographies très précises. »
Ce flot d'images qui se précipitent jour et nuit et qui se multiplient si aisément, atteint désormais toutes les classes sociales, entraînant avec lui des nouvelles et des idées qui influent profondément sur les individus et sur les masses. On a déploré les dangers de ce foisonnement qui ne laisse bien souvent dans les esprits que la trace légère de connaissances superficielles. Le voilà dépassé par internet qui fait défiler sur les écrans un nombre prodigieux d'images impalpables et fugitives, et qui nous amènent à considérer la photographie sous l'aspect nouveau de document sélectionné, stable, permanent, authentique, à la fois souvenir et élément de recherche. On commence ainsi à mesurer la place qu'elle a prise dans notre vie depuis deux-cents ans, l'ampleur de sa diffusion, la variété de ses ressources, la puissance de ce nouveau langage qu'elle a donné aux hommes.